La montagne qui hurle(extrait de série)
2018 © Betty Bogaert
Un
dimanche matin dans le journal local, le loup fait la couverture. En France, la
présence grandissante de cet animal fait du bruit et anime les débats. Depuis
1992, sa réapparition sur le territoire sous le statut d’espèce protégée cause
beaucoup de frustrations au cœur des Alpes : les habitants des montagnes
pratiquant l’élevage depuis des générations se retrouvent démunis face aux
attaques régulières subites sur leur cheptel, tandis que le gouvernement et les
écologistes assurent un nombre de meutes en augmentation chaque année pour
garantir le retour d’une biodiversité et d’un équilibre de la faune sauvage.
La montagne qui hurle se veut un travail photographique
dressant le portrait d’une montagne en discorde. Durant l’été 2018, je décide
de suivre les traces du loup. Je pars à la rencontre de ceux qui en
parlent : éleveurs, bergers, chasseurs, gardiens de la faune, guides de
montagne ou randonneurs me partagent leurs histoires. Je rassemble des images –
portraits, lieux, objets – et les témoignages des personnes concernées par la
présence du loup, principalement en Haute-Maurienne (Savoie) et dans le
Vercors (Isère).
Les
visages se mêlent, des voix se répondent et d’autres s’opposent, dévoilant le
conflit des opinions, les peurs et les mythes ancrés dans l’histoire, la colère
ou la fascination face au retour d’un prédateur défiant l’activité humaine. Par
une approche documentaire et poétique, je tente d’aborder un sujet critique et
actuel tout en laissant place à la douceur et à la subjectivité. Je questionne
la relation qu’entretient l’homme avec son environnement, sa cohabitation avec
le sauvage, sa volonté de domination face aux changement naturels, son besoin
de contrôle immuable sur ce qui l’entoure, et les différends au sein d’une même
communauté.
The howling mountain (serie excerpt)
2018 © Betty Bogaert
On a Sunday
morning in the local journal, a wolf makes the cover. In France, the increasing
presence of this animal is raising voices and animating debates. Since 1992,
their resurgence on the territory under the status of “protected species” has
caused much frustrations in the heart of the Alpes: Mountain people who have
practiced farming for generations now find themselves helpless facing the
frequent attacks on their herds, while the government and ecologists are
ensuring the growth of wolf packs populations each year in order to conserve
biodiversity and protect wild fauna.
La montagne qui
hurle [The howling
mountain] is a photographic work that draws the portrait of a mountain in
dissonance. In summer 2018, I decide to follow the wolf’s tracks. I leave to
meet those who talk about them: farmers, herders, hunters, wildlife guardians,
mountain guides or hikers share their stories with me. I have collected images
– portraits, landscapes, objects – and testimonies of those who are affected by
the wolves’ presence, particularly in Haute-Maurienne (Savoie) and in the
Vercors (Isère).
Faces intertwine, voices answer or oppose each other, revealing the
conflict between opinions, the fears and the myths rooted in history, anger or
fascination before the return of a predator that defies human activity. Through
a documentary and poetic approach, I seek to address a subject that is both
critical and contemporary, all the while making space for subjectivity and
softness. I question the relations between humans and their environment, their
co-habitation with the wild, the desire for domination in the face of natural
changes, the need of immutable control over their surroundings, and the
differences found within a same community.